Martin Crimp donne la parole à d’étranges présences, des êtres fantomatiques qui semblent porter un regard distancié sur le monde. À travers leurs voix, nous parviennent des images dérangeantes, voire glaçantes, de nos sociétés occidentales. L’ironie de l’auteur laisse transparaître une violence à laquelle on souhaiterait sans doute ne plus avoir affaire ou que l’on aurait refoulé, au gré d’un optimisme forcené et d’une volonté absurde de vivre « bien comme il faut ». Le ton employé, plutôt léger, donne une touche comique à ces textes, rendant l’ensemble encore plus terrifiant. Parce qu’on ne comprend plus rien. Parce qu’il y a un petit souci avec le câble TV et le réseau Wifi. Parce que Papa, tué par le monstre, a cassé la console du petit. Parce qu’on mélange les clavecins et les tronçonneuses, les séances de yoga et d’acuponcture, le tiroir des chaussures et celui des crevettes grillées, tout ça tout ça… Alors oui, ça peut donner envie de chanter. Martin Crimp propose d’ailleurs un petit morceau de blues : Doo ba ba-dou ba ba…

Ce stage est une exploration de trois textes courts de Martin Crimp (Ciel bleu ciel, Face au mur, Tout va mieux), menée par Anaïs Muller et François Lanel, au sein de deux théâtres situés l’un à côté de l’autre dans le centre-ville de Caen. Les stagiaires sont ainsi invités à plonger au cœur d’une écriture subtile et saisissante, et à se laisser emporter par les sensibilités nécessairement différentes des deux metteurs en scène.