Conçu comme une double narration croisée où la fiction se mêle à des fragments autobiographiques entre passé et présent, le spectacle se construit autour d'une matière visuelle initiale forte : le dessin animé Walt Disney. Comment transmettre cette référence de la culture pop du début des années 90, dont les thèmes musicaux résonnent encore en nous de manière si immédiate et émotionnelle ? Véritable point de départ à l’écriture, La Petite Sirène est l’héritage problématique que Mona et Martin ont reçu en commun. Le film, signé par l’une des franchises les plus hégémoniques du capitalisme américain, sert de matrice à partir de laquelle se déplient souvenirs d’enfance et récits intimes de l’âge adulte, dans une introspection à deux sur l’apprentissage du langage de l’amour et de la séduction.

Avec humour et virulence, dans un texte en cours d'écriture, Mona et Martin rejouent, commentent, racontent et réécrivent jusqu’à les tordre des scènes et chansons du dessin animé, qui sont autant de points d’appui pour faire éclore leurs interrogations sur la fabrique des stéréotypes et les structures de domination. La projection vidéo des images sur le décor fait advenir une réalité augmentée qui donne la force d’investir une parole et crée un espace où l’on peut dire ce qu’on a pas su ou voulu dire jusqu’à présent.